Rio+20 : une transition maintenant (tribune du 14/02/2012 sur Mediapart)

Dans le contexte actuel de crise, la prochaine Conférence Rio+20 pourrait être l’occasion de repenser le développement à l’échelle mondiale en intégrant des régulations économiques, sociales, environnementales et juridiques. Le Collectif RIO+20 porte des propositions en ce sens pour une transition dont le Sommet signifierait le point de départ.

La crise est sur toutes les lèvres. Les marchés financiers font autorité, la précarisation des emplois et les licenciements montrés comme justifiés, l’éducation et le social relégués au second plan… Les jalons de l’instabilité financière mondiale sont posés depuis les années 70. Le modèle s’effondre, comme en 1929, et l’on ne peut faire que le constat des limites physiques, humaines et sociétales d’un système qui n’a pas réussi à installer la prospérité, qui a aggravé les inégalités, tout en ignorant les contraintes écologiques et les conséquences sociales et sanitaires des choix effectués.

Sorties de crises et nouvelles voies de développement

Le pouls de ce monde traduit bien des maux sociaux, écologiques, démocratiques qui se heurtent à l’économique et à la finance toujours plus étroitement entremêlés et incontrôlés. Avec une augmentation de la population mondiale de 2 milliards d’habitants sur les trente prochaines années et la pression considérable des pays émergents pour atteindre la prospérité, comme tous les pays du monde, la sortie par le haut rend encore plus indispensable la recherche de nouvelles voies de développement, qui répondent de manière équitable et durable aux besoins sociaux, alimentaires, énergétiques et sanitaires pour tous.

Une prise de conscience collective mondiale est nécessaire. Les Sommets de la Terre organisés tous les 10 ans sous l’égide de l’ONU donnent lieu, si ce n’est à de vraies décisions politiques, du moins à la formulation de nouveaux impératifs. Aujourd’hui, nous avons besoin d’un engagement politique international pour affronter l’interdépendance des crises et inverser le cours des évènements. A partir du 13 juin 2012 à Rio, la société civile se mobilisera autour de la conférence onusienne. Le Collectif RIO+20, créé en 2010, regroupe des organisations de solidarité internationale, environnementales, féministes, syndicales, d’économie sociale et solidaire et think tank…  pour préparer des propositions.

Le Collectif porte la volonté d’un projet de société qui fasse sens. A l’échelle nationale, c’est par la réduction des inégalités et non par la réduction des budgets sociaux ou l’enfoncement des plus vulnérables dans une précarité croissante que nous devons envisager la sortie.

Une transition appuyée sur une quadruple régulation inédite

Plutôt que de poursuivre un business as usual, jusqu’au point de rupture morale, nous voyons dans cette période actuelle une phase unique de l’histoire, où les champs qui structurent nos sociétés et leurs systèmes de pensée ne sont plus adaptés aux défis qui nous attendent. Cela suppose d’introduire quatre nouvelles régulations : une régulation économique et financière ; l’élaboration d’un socle international de protection sociale et l’arrêt du dumping social ; une régulation écologique pour lutter contre le changement climatique et l’érosion de la biodiversité ; une régulation juridique par l’adoption d’une Charte des responsabilités universelles, complément de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de la Charte de l’ONU, fondement d’un droit international responsabilisant sur l’impact des politiques et des actes et garantissant à chacun l’effectivité de ses droits. Rio+20 serait un point de départ de cette transition à l’échelle planétaire, mais aussi locale, affirmant les accès aux droits fondamentaux, à une gouvernance mondiale démocratique.

Pour ne parler que du chômage, affectant une population toujours croissante, il faut engager une transformation du travail fondée sur la production de biens et de services répondant aux besoins d’un développement humain et du fonctionnement collectif. La transition vers la société bas-carbone peut être l’avènement d’une industrie et de nouveaux services responsables écologiquement et socialement prônant l’emploi décent pour tous et une sécurité sociale professionnelle. Dans tous les domaines, nous avons besoin de transformations majeures passant par un intérêt général, hissé au niveau de l’humanité tout entière et s’appuyant sur tous les échelons de la société, et sur une base démocratique solide.

Le Collectif français RIO+20 a soumis une contribution à l’ONU réaffirmant ses attentes, des principes et mises en œuvre possibles. Nous portons une ambition pour l’humanité et l’impulsion pour une transition qui dépassera 2012. La société civile se mobilise pour un changement de civilisation qui se conjuguera avec une gestion collective et responsable de la planète, nécessitant la construction d’une nouvelle gouvernance mondiale et ayant pour clé de voûte une réponse aux quatre régulations. La transition de nos sociétés doit commencer !

Le Collectif RIO+20

 

4D, AAEOG, Agrisud, AGTER, APE, Aitec-Ipam, Artisans du Monde, ATTAC, CCFD-Terre solidaire, Centre de Recherche en Sustainability Science de Reims, CFDT, CGT, Cohérence Rio+20, Comité 21, CRID, ENERGIES 2050, Entreprendre Vert, Fondation Charles leopold Mayer, France Libertés, FNE, FSU, GRET, Genre et développement soutenable, HELIO-International, IGAPURA, IDD, Ligue de l’Enseignement, Monde pluriel, Mouvement Jeunes Femmes, OREE, P’actes Européens, Les Petits Débrouillards, RAC-France, RARE, REFEDD, Réseau Ecole et Nature, Réseau environnement et santé, Réseau Féministe Ruptures, SECAFI, Secours Catholique, Syndex, Synergence, WWF, VECAM, VivAgora

 

Tribune parue le 14 février 2012 sur Mediapart : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/140212/rio-20-la-transition-cest-maintenant

 

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