Suivi de Rio+20 : Décryptage et analyse de l’agenda post-2015 (3)

Article n°3 : Le renforcement du Programme des Nations Unies pour l’Environnement et la première réunion du Groupe Ouvert de Travail

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Premier Semestre 2013

21/03/2013

 

Association 4D

Et aussi le dossier Rio+20 sur le site de l’encyclopédie du développement durable

http://encyclopedie-dd.org/acces-direct/dossiers/

 

Préambule

 

Au cours de la dernière réunion annuelle du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), qui s’est tenue à Nairobi (Kenya) du 18 au 22 février 2013, l’engagement pris lors de Rio+20 visant le renforcement de ce programme a été fermement réaffirmé et suivi d’un certain nombre de mesures concrètes.

D’entrée, la volonté de promouvoir une responsabilisation accrue du PNUE s’est de fait exprimée dans les modalités mêmes du déroulement de la 27ème réunion. A l’inverse des sessions précédentes au cours desquelles les pays participants étaient scindés entre titulaires et observateurs, c’est en effet l’ensemble des 193 membres de l’ONU qui ont cette fois-ci été formellement associés à la discussion ; appelant notamment à la création d’une assemblée des Nations unies pour l’environnement (UNEA). Ayant vocation à remplacer le Conseil de gouvernance du PNUE[1], l’UNEA vient ainsi d’être consacrée comme nouveau dispositif rattaché à l’assemblée générale de l’ONU (UNGA), le 14 mars dernier.

Au-delà de cette première mesure, on présentera ici les principales décisions actées au cours de cet évènement qui aura indéniablement vu le PNUE s’imposer désormais comme un acteur incontournable de l’agenda post-2015 Onusien.

On profitera également de ce troisième article pour revenir rapidement sur la première réunion du Groupe ouvert de travail (OWG) chargé d’élaborer les objectifs de développement durables (ODD).

 

 

Bilan de la dernière réunion du PNUE

 

La dernière réunion du PNUE – première session dite « universelle » – a réuni au cours de ces différents groupes de discussion plus de 1 300 participants, provenant de 147 pays différents, et comprenant 80 ministres, des représentants de l’ONU, des organisations internationales, des universités, des ONG, des entreprises, des organisations de femmes et de jeunes…

Les consultations ministérielles en particulier ont axé l’essentiel de leurs discussions autour de la thématique « Rio+20: du résultat à la mise en œuvre », les délégués ayant notamment adopté 13 décisions, portant entre autres sur la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES); les modalités de coordination au niveau du système des Nations Unies, la promotion d’une organisation transparente où la société civile peut participer efficacement, les océans; la consommation et la production durables; l’économie verte dans le contexte du développement durable; le renforcement de la justice, de la gouvernance et du droit; la situation de l’environnement; et les produits chimiques et les déchets.

 

1.      La volonté d’un PNUE plus participe et efficace (paragraphe 88 du document final de Rio+20)

 

Les ministres ont invoqué un certain nombre de nécessités dans l’optique de mettre en œuvre le paragraphe 88 du document final « L’avenir que nous voulons » visant le renforcement du PNUE :

 

-Ressources financières sûres, stables, adéquates et accrues ; 

-Renforcement de l’interface science-politique ;

-Augmentation de la participation des ministres de l’environnement ;

-Renforcement de la présence du PNUE au niveau régional, sous-régional, national ;

-Meilleure intégration de la dimension environnementale du développement durable ;

-Amélioration de la contribution du PNUE à l’agenda des Nations Unies pour le développement ;

-Meilleure orientations sur le renforcement des capacités et transferts de technologies (cf. Plan stratégique de Bali) ;

-Engagement aux côtés des parties prenantes dans les processus de prise de décision en matière de développement durable.

 

2.      L’économie verte, solution pour un développement durable et l’éradication de la pauvreté

 

Partant d’une volonté de dépasser l’idée selon laquelle la croissance économique ne peut se faire qu’au détriment de l’environnement, et inversement (ce qui est pourtant vrai), les ministres ont évoqué entre autres nécessité :

 

-Engagement de tous les ministères dans la transition vers une économie verte ; 

-Accentuation la capacité de l’économie à créer des emplois ;

-Lutte contre le manque de compétences et autres lacunes en matière de connaissance (idées reçus sur le coût des technologies propres, etc.) ;

-Réforme des « subventions perverses » qui introduisent de distorsions dans les prix et nuisent à l’allocation efficace des ressources ;

-Conception positive de l’économie verte comme levier pour de nouveaux investissements et de nouvelles opportunités pour les entreprises.

 

3.      Les défis environnementaux

 

Se centrant essentiellement sur la contribution du PBUE au processus des ODD et à la promotion de la consommation et production durable, les ministres ont souligné la nécessité d’intégrer à l’agenda du développement post-2015 :

 

-Rôle plus important du PNUE dans la promotion de la durabilité environnementale au sein des ODD ; 

-Promotion d’une transformation économique dans les pays développés et émergents ;

-Soutien aux approches innovantes pour l’éradication de la pauvreté ;

-Elaboration de cibles aux niveaux régional et national concernant les ODD ;

-Promotion du Cadre décennal de programme sur la consommation et production durable (10YPF) dans l’élaboration des ODD.

 

Aussi, peut-on estimer que cette première « session universelle » du PNUE marque indéniablement un tournant décisif dans son renforcement sur la scène internationale – aboutissant notamment à l’attribution de fonds nettement plus conséquents provenant du budget général des Nations Unies en vue de construire les bases d’un programme interdisciplinaire, solidement bâti et orienté vers des résultats concrets. Néanmoins, avec l’intégration d’acteurs toujours plus nombreux et diversifiés, le PNUE devra être particulièrement rigoureux dans la mise en place de nouveaux dispositifs de coordination. On peut craindre par ailleurs, que la multiplication des demandes et intérêts contradictoires soit susceptible de ralentir considérablement ses prises de décisions.

 

Bilan de la première réunion de l’OWG

 

1.      Accélérer le processus

 

La première réunion du Groupe Ouvert de Travail chargé de l’élaboration de l’agenda post-2015 et des Objectifs de Développement Durable (ODD) s’est finalement tenue les 14-15 février derniers. Au cours de cet évènement très attendu, le secrétaire général de l’ONU Ban-Ki Moon a notamment émis le souhait d’accélérer le processus en cours concernant les ODD, invitant les participants à prêter une attention particulière à l’éradication de la pauvreté, la promotion de la santé, de l’éducation et du développement socioéconomique ; tout en intégrant constamment l’impératif de durabilité environnementale ainsi que des exigences en termes de droits de l’homme, d’égalité des genres, d’émancipation des femmes, d’institutions de bonne gouvernance et de paix – en particulier dans les pays en situation de post-conflits. Il a également invité les membres du groupe à baser leurs réflexions sur le rapport que le Panel de haut niveau sur l’agenda post-2015 (HLP) est amené à publier fin mai 2013 sur la base des consultations nationales et thématiques menées depuis septembre 2012.

 

2.      Thématiques émergentes

 

Lors des discussions de cette première réunion, les différents participants ont fait état de leur conception – tant sur la forme procédurale à suivre que sur le fond même des ODD – certains pointant déjà des thématiques qu’ils jugent prioritaires : éradication de la pauvreté et de la faim, emplois décents, consommation et production durables, égalité des genres et émancipation de la femme, accès et bonne gestion des ressources nécessaires au bien-être de l’humain (nourriture, eau, santé, énergie)…

 

3.      Points de désaccords

 

Néanmoins, les ODD sont encore loin de faire consensus quant à leur place dans l’agenda post-2015. Beaucoup de participants estiment en effet qu’il faut rester avant tout focaliser sur la réussite des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et ne considérer le processus des ODD que comme une dynamique parallèle, quand d’autres envisagent au contraire une véritable convergence des ODD et OMD à l’horizon 2015.

Table des sigles

 

Sigle en anglais Sigle en français Organisme correspondant
10YFP
CSD CDD Commission pour le Développement Durable
CSO OSC Organismes de la Société Civile
EC CE Commission Européenne
HLP / High Level Panel – Panel de Haut Niveau
HLPF / High Level Political Forum –Forum de Haut Niveau sur le Développement Durable
MDG OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement
OWG / Groupe Ouvert de Travail
NGO ONG Organisation Non Gouvernementale
SDG ODD Objectifs de Développement Durable
SDSN / Sustainable Development Solutions Network – Réseaux de solutions pour le développement durable
UN NU Nations Unies
UNCTAD CNUCED Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement
UNDP PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement