L’association 4D, membre du Collectif RIO+20, est allée à la rencontre d’Ignacy Sachs, considéré par beaucoup comme l’économiste précurseur du développement durable. Ancien directeur d’Etudes à l’EHESS, ex-participant aux Conférences de Stockholm 72 et Rio 92, il est l’un des pionniers de l’intégration des facteurs sociaux et environnementaux dans le raisonnement économique. Ignacy Sachs propose une vision qui combine lutte contre le changement climatique et progrès social. Retour sur cette rencontre qui présente les pistes de travail pour Rio+20.
« Si cela se passe comme New York le veut, la société civile ne sera pas présente à Rio en 2012, personne ne sera présent, ce sera 3 petits jours ». Le message a le mérite d’être clair : l’essentiel de la préparation de la conférence doit se passer en dehors du dispositif officiel. Il faut que la société civile « bombarde » de propositions concrètes les institutions internationales. Une conférence de trois jours avec 192 pays représentés, des conférences parallèles qui n’ont aucune influences sur la conférence de l’ONU… comment parvenir à jouer un rôle dans la construction de propositions ?
Brésil / Inde : le rôle majeur des pays émergeants
« Le G20 est un pouvoir usurpé, le G8, qui ne spécifie pas le statut de ces membres, ne dit rien sur la façon dont il fonctionne. C’est un club, rien d’autre. » Dans ce contexte, la construction d’un axe émergeant apparaît avec en tête de file le Brésil et l’Inde, entraînant les pays africains. Les discussions entre ces pays s’engagent, un colloque entre ces deux pays s’annonce pour le courant de l’année afin de définir des stratégies de transitions vers l’économie verte. Plus ces pays engageront des actions communes, plus il y a de chances qu’un groupe de pays émergeant pèse au niveau international.
Les Etats doivent prendre leurs responsabilités
La double contrainte du changement climatique et de l’aggravation de la différenciation sociale provoque une accélération de l’histoire. « En 1992 à Rio, nous avions besoin d’un Etat fort. A ce moment-là, l’Etat libéral battait son plein, suite au consensus de Washington. Nous avons été battus à plat de couture ». Stockholm (1972) a inscrit l’environnement à l’ordre du jour de la politique mondiale, provoquant des changements institutionnels dans une majorité de pays. Le rapport Brundtland n’a pas apporté une idée mais a eu le grand mérite de vendre la mèche aux gouvernements.
Face aux échecs répétés des conférences internationales, il faut dire aux états que la responsabilité est au départ une responsabilité nationale. Une planification est nécessaire. Aujourd’hui le dialogue est quadripartite, entre les Etats, les entrepreneurs, les ouvriers et la société civile. La démocratie passe aujourd’hui par de nouveaux canaux de communication, grâce principalement à nos ordinateurs. Les Etats doivent en prendre compte et mettre sur pied une planification axée sur le dialogue qui définie une économie verte avec des objectifs spécifiques pour l’empreinte écologique, en particulier de l’empreinte carbone.
Le principe de responsabilité partagée
Le principe de responsabilité partagée est fondamental. Au niveau des Nations Unies, cela pourrait impliquer par exemple la création d’un fonds. La mise en place d’un impôt carbone pourrait permettre le financement de la transition des peuples les plus en difficultés. Les fonds crées par la Norvège pour l’Amazonie et l’Indonésie sont une illustration de ce mécanisme. Il s’agit dans ce cas précis d’une partie des revenus créée à travers l’exploitation du pétrole qui est utilisée pour financer la stratégie de transition des économies faibles en consommation d’énergies fossiles. Ce fonds permet de maintenir la forêt tropicale tout en accompagnant la transformation des économies nationales.